Exister par soi-même, trouver sa place et réaliser ses propres aspirations au-delà de l’héritage familial : le nouveau spectacle très cinématographique d’Alexis Moati pose la question universelle de la transmission.
Le cinéma a souvent su trouver dans la figure du fugitif, – individus, couples ou familles traqués n’ayant bien souvent pour toute faute que de s’être levés au mauvais moment contre une logique d’État inhumaine ou un pouvoir injuste –, des destinées épiques se jetant dans la vie avec l’énergie du désespoir. Ces road movies aux issues incertaines, contraignant ces clandestins du monde à abandonner derrière eux tout rêve d’installation, tous foyers où trouver le repos, ont inspiré à Quentin Laugier un texte ancré dans sa propre époque et sa propre histoire. Cinquante ans après les événements de Mai 68, Alexis Moati porte à la scène l’histoire de deux frères, l’un pianiste reconnu, l’autre marginal hypermnésique qui se retrouvent à la lumière du décès prochain de leur mère, ancienne militante d’extrême gauche recherchée toute sa vie par le gouvernement de son pays. Dans un décor qui sera la mémoire des traces du bonheur familial mais aussi celui du crime ineffaçable des parents, la fratrie se confrontera à la disparation d’une génération faite d’utopie et se questionnera sur ce qui reste à transmettre à ceux qui viennent après et qui ont encore tout à construire. Avec humour et décalage, mêlant grotesque et érudition, intime et politique, une radiographie sans œillère de la cellule familiale qui tentera de dessiner les contours d’une famille dans tout ce qu’elle a de plus beau, banal, cruel et parfois, aussi, inexplicable.
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TEASER DU SPECTACLE